Lettre au Times, publiée le 25 mai 2005

Monsieur,

Vous suggérez (éditorial du 19 mai) qu'au Royaume-Uni, les chances sont « tellement » en faveur du plaignant dans les cas de diffamation, qu'on assiste aujourd'hui à la multiplication des procès en diffamation intentés par d'innombrables plaignants étrangers (« libel tourism »). Or cette opinion semble pour le moins contredire votre affirmation dans le même éditorial que « la protection de ceux qui ont été réellement diffamés est le signe d'une société civilisée ».

Pour ceux qui ont un foyer, des intérêts et une réputation au Royaume-Uni, la capacité de défendre leur réputation dans ce pays est, comme vous le reconnaissez vous-même, un droit fondamental et, comme l'a récemment reconnu la Haute Cour de Justice dans le cas du Cheikh Khalid Bin Mahfouz et de sa famille, tout à fait justifié.

Le droit anglais fournit d'amples moyens pour éliminer les plaintes et les plaignants sans lien réel avec le Royaume-Uni. Le fait que tout accusateur qui fait des allégations graves et dommageables doive prouver leur véracité ne signifie pas que les chances sont inégales, c'est tout simplement l'application de la maxime universelle qui dit que tout accusé est présumé innocent tant qu'il n'est pas prouvé coupable.

Dans une société civilisée, il ne faut pas confondre la liberté de parole avec la liberté de diffamer, une distinction qui est heureusement bien comprise au Royaume-Uni.

Salutations distinguées,

Cherif Sedky
Djedda, le 22 mai

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